Les commerçants des Eaux-Vives dénoncent un quartier sinistré
05.06.2025 18h03 - Gilles MIELOT
Les travaux et les aménagements éphémères en ville de Genève excèdent de plus en plus les commerçants et les habitants. Aux Eaux-Vives, les riverains de la rue de Montchoisy dénoncent une prise d’otage et un quartier sinistré. Ils se sont regroupés au sein d’une association pour dénoncer des politiques publiques prises sans concertation.
Un camion de livraison obligé de se garer à 50 mètres du restaurant de Déborah Fidalgo Otero-Maline faute de place pour décharger, illustration d'une situation ubuesque à cause du manque de place dans la rue de Montchoisy.
Cette artère centrale du quartier des Eaux-Vives cristallise les tensions. Entre travaux passés et à venir, aménagements éphémères estivaux de la ville pour pacifier la rue, les commerçants estiment être mis devant le fait accompli. « L'été 2022, ils ont fermé des rues et on a tous observé une baisse de notre chiffre d'affaires, on risque de voir une disparition des PME si on ne réagit pas » dénonce Déborah.
L’association “ô vivre ensemble“ créée il y a trois ans regroupe 110 entreprises et plus de 200 habitants. Le quartier est partagé entre celles et ceux qui souhaitent des rues pacifiées et d’autres qui dénoncent un accès restreint aux commerces. « J'ai des clients qui me disent, c'est infernal, je ne viens plus. Il faudrait trouver des solutions pour tout le monde, et pas sans concertation avec les commerçants » explique Jérome Grand, bijoutier dans la rue de Montchoisy.
L’été dernier, la rue de Montchoisy a été en partie fermée pour créer plus d’espaces de détente, mais a au final crispé encore plus les commerçants.
Dans le quartier, une partie de la rue Sillem est définitivement fermée à la circulation depuis deux ans. Une zone piétonne devenue selon les commerçants un terrain de jeu pour les dealers. Les politiques publiques en faveur de la mobilité douce et de la lutte contre les ilots de chaleur ne font pas l’unanimité.
Entre manque de concertation et avis divergents, l’association ô vivre ensemble tente depuis trois ans d’interpeller les autorités, sans véritable succès jusqu’à présent.
Une association se bat contre la piétonnisation
GENÈVE 30.08.2022 - 15:00 Rédigé par Marie Prieur
EAUX-VIVES • Une association baptisée O Vivre Ensemble a lancé une pétition réclamant la fin de l’expérience estivale menée dans le quartier.
Elle s’appelle Ô Vivre Ensemble. Cette nouvelle association a été créée le 17 août et prône, comme son nom l’indique, le bien vivre ensemble au sein du quartier des Eaux-Vives. Son objectif en cette fin d’été: s’opposer à la pérennisation des aménagements temporaires mis en place dans certaines rues des Eaux-Vives, dont celle de Montchoisy.
«L’idée n’est pas de monter les habitants contre les commerçants, précise d’emblée son président, Marc-André Rudaz. Moi-même, j’habite le quartier, je suis piéton et je n’ai plus de voiture. Je comprends tout à fait que des habitants soutiennent la piétonnisation des rues. Et, comme eux, si je peux dormir le matin plutôt que d’être réveillé par la circulation routière, cela me convient.»
«Sans concertation»
Pourquoi dès lors ne pas soutenir les aménagements estivaux mis en place sous ses fenêtres? «Cela a été fait sans concertation. Et, il n’y a quasiment jamais personne», assure Marc-André Rudaz en désignant les bancs vides en ce mercredi milieu de matinée. Le cordonnier de la rue de Montchoisy renchérit: «Le matin, c’est dégueulasse. Il y a des déchets et ça sent l’urine...»
Dans les bureaux situés dans les étages des immeubles voisins, le mécontentement est aussi palpable. «Durant tout l’été, on a entendu les concerts de klaxons, les cris, les engueulades entre automobilistes fâchés d’être coincés au milieu de la rue», témoigne Christine*. Et son patron, René*, d’ajouter: «Pour nous qui travaillons tard et sommes obligés de venir en voiture car il n’y a plus de transport en commun à l’heure où nous finissons, les temps de trajet ont triplé voire quadruplé... de 7 à 30 minutes.»
Quant aux commerçants, ils sont plusieurs à se plaindre des difficultés pour se faire livrer et de la perte de chiffre d’affaires liée à l’impossibilité pour les clients venant de loin de se garer. «Demandez au boucher des Eaux-Vives combien de clients venant de Cologny il a perdu!» tempête René.
Ce que regrettent aussi les uns et les autres, c’est l’absence de concertation préalable. «On a été mis devant le fait accompli, déplore Marc-André Rudaz. Il aurait fallu discuter avec les commerçants et les habitants.» Pour éviter que cela se reproduise, l’association Ô Vivre Ensemble a décidé de prendre les devants et a déposé une pétition. Fort de ses 482 signatures, ce texte, signé par l’avocat de l’association, Christian Lüscher, demande de «mettre un terme à l’expérience estivale menée dans le quartier des Eaux-Vives» et donc, «la remise en état de la circulation dans les deux sens, des places de stationnement et des trottoirs (rue de Montchoisy, rue Maunoir, rue des Vollandes, rue Sillem et rue du Nant)». Et marque, dans la foulée, son opposition à un futur projet de piétonnisation de la rue de Montchoisy.
Démontés le 29 août
Au nom du Département de l’aménagement et des constructions, Marc Moulin précise d’emblée que les aménagements estivaux ont été démontés comme prévu le 29 août. «De quoi rendre cette pétition caduque. Seuls les aménagements de la rue Sillem sont pérennisés.» Concernant la rue de Montchoisy, il souligne que la Ville a reçu nombre de témoignages favorables à la piétonnisation et rappelle qu’une pétition demandait, à l’inverse, le maintien des amémagements estivaux. Enfin, concernant l’avenir de ce dossier, un projet de délibération intitulé «Revenons à Montchoisy», porté par le PLR Ville de Genève a été adopté par le Conseil municipal ouvrant un crédit d’étude de 1,2 million de francs pour le réaménagement de la rue de Montchoisy.